06 juin 2007

Piracy is good : enfin traduit en français !

L'audiovisuel peut-il utiliser le p2p à son profit ?
Est-ce que le piratage des séries TV peut profiter aux grandes chaînes ?
Et si nous étions tous producteurs audiovisuels ?

L'exceptionnelle conférence de Mark Pesce (Co-inventeur du VRML et gourou visionnaire du web) est enfin traduite en français.
Grâce à votre serviteur et avec l'autorisation de l'auteur, bien entendu...

Une plongée instructive, éclairante et souvent drôle dans l'univers des grands groupes audiovisuels aux prises avec le piratage et le p2p.
Avec au final, des pistes intéressantes pour intégrer le piratage des séries dans de nouveaux modèles économiques...

Evidement, si vous avez suivi mes articles précédents sur le sujet, ce ne sera pas véritablement une découverte. Mais ne serait-ce que pour le "style" Pesce...

(Il y a certainement quelques petites fautes, et des nécessaires adaptations lorsque les références étaient trop locales (le nom des chaînes deTV australiennes, des grandes surfaces...). Du coup, n'hésitez pas à me faire vos suggestions d'amélioration !)








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L'humeur du moment
365 days - Day 14
Fin

Foutoir

Fatigue

14 mars 2007

La télévision est morte. Vive l'Hyper-TV !

La télévision traditionnelle est morte
Bien sûr, on ne recevra en France l'avis de décès que très tard : nous avons pris l'habitude d'être légèrement décalés vis-à-vis de ce genre de nouvelles...
Nos bonnes vieilles chaînes hertziennes, qui ont vu avec méfiance, horreur puis opportunité leurs terrains envahis par le câble et le satellite, avaient l'habitude de produire et diffuser des programmes télévisés. Elles en avaient le quasi-monopole, si l'on considère qu'en France elles financent une partie du cinéma...

Oubliez-ça. Les limites qui définissaient la télévision à papa ont explosé.


Bienvenue dans l'ère de l'HyperTV !

  • Nous sommes tous des créateurs potentiels. Une heure de visite sur Dailymotion, Youtube, Revver ou n'importe quel autre portail mêlant vidéos amateurs et professionnelles permet de voir que la différence devient mince, de plus en plus mince... Et dans un univers où chacun peut accéder aux créations de n'importe quel artiste, la qualité et la créativité augmentent avec le nombre de vidéos diffusées, la comparaison, l'émulation...
  • Les coûts de réalisation ont dégringolé. Le format numérique et les prix abordables des PC, caméras, webcam et autres téléphones portables ont chuté. Le tournage, le montage, la production, la post-prod, etc. étaient auparavant des limites infranchissables. Ce sont maintenant des défis créatifs.
  • Les moyens de diffusion sont devenus abordables pour tous. Filmez, déposez sur le web. Un quart d'heure plus tard, la planète est au courant. Faites basculer une élection, choquez ou attendrissez le monde entier, faites connaître vos opinions ou votre marque à tous les internautes, de Johannesburg à Tokyo, en passant par Seattle.
  • Les circuits habituels de diffusion ont explosé. Les chaînes et les grands groupes audiovisuels (les Broadcast Network) n'ont plus l'exclusivité de la diffusion, puisque chacun de leur programmes peut désormais être copié et diffusé sur les différents réseaux. Ils n'ont plus l'exclusivité de la programmation, puisque n'importe quel individu, association, entreprise, parti ou état peut diffuser ses propres contenus et donner son avis sur l'état du monde, en diffusant des programmes dont il est le producteur ou le simple diffuseur. Le public l'a bien intégré, et en profite largement : autour de moi, de plus en plus d'anciens accrocs à TF1, France 2, 3, 4, 5, Arte, Canal+, M6 (j'en oublie...) ne les regardent quasiment plus, préférant se faire leur propre programmation à partir de ce qu'ils ont enregistré, échangé ou trouvé sur les portails vidéos.
Nous sommes tous devenus des créateurs.
Nous sommes tous devenus des producteurs.
Nous sommes tous devenus des diffuseurs.


Et maintenant ? Que va t-il se passer ?
Les Broadcast Network vont râler. Dénoncer avec indignation et larmes au coin de l'œil l'insupportable manque à gagner lié au piratage. Les chaînes vont interdire la diffusion parallèle de leurs programmes via les portails vidéos. Feront des procès. Feront témoigner des acteurs de téléfilm et un acteur de cinéma "engagé". Deux ou trois petits téléchargeurs seront amenés devant le tribunal, pour l'exemple. Les universités continueront d'enseigner un modèle économique de l'industrie de l'audiovisuel, sans réaliser que ce modèle est déjà mort...

Puis un ou deux producteurs regarderont ce qui se passe au Royaume-Uni, aux USA, en Australie... Ils réaliseront qu'un modèle basé sur l'HyperTV est déjà rentable. Voire très rentable... Voire plus rentable que celui de la télé traditionnelle.
Ils feront l'expérience en France, lanceront une chaîne de télé à la carte basée sur les technologies de type BitTorrent (ou un simple site weeb, ou ce qu'il y aura de mieux à ce moment-là), avec des contenus de qualité et des revenus importants. Ils feront la une des journaux tour à tour horrifiés puis séduits... Grignoteront des parts de marchés des chaînes traditionnelles qui se battront pour la racheter.
Puis il y aura une autre chaîne du même type.
Puis une autre.
Puis une autre...

Les chaînes de TV traditionnelles continueront à faire ce qu'elles savent faire le mieux en France, et qui leur rapportent le plus d'argent : le live sportif ou événementiel, et le divertissement.

Les universités réagiront tard et mal, et n'enseigneront ce changement qu'une dizaine d'années après la bataille... Nous aurons loupé une génération de futurs créateurs, producteurs, diffuseurs, qui auraient pu dès aujourd'hui se préparer, anticiper ce changement...

Mais nous y viendrons. Avec certitude.
D'autres y sont déjà...

La TV est morte. Vive l'Hyper-TV !



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Perspectives

08 mars 2007

Une conférence de Martin Winckler sur la contraception

(On parle trop peu d'amour et de la vie du couple sur ce blog, et en général... Corrigeons ça tout de suite...)

Excellente initiative de EVE, l’Espace Vie Etudiants des campus grenoblois, qui avait invité pour cette "Journée de la femme" le médecin, auteur (et bloggeur) Martin Winckler.

L’auteur de "La maladie de Sachs", accompagné d’un représentant de la LMDE, a tenu une conférence autour de la contraception, réellement édifiante, s’employant avec clarté et simplicité à démonter quelques idées reçues…

Il a notamment mis l’accent sur quelques points fondamentaux :

  • La meilleure méthode de contraception… c’est celle que la femme choisit en connaissance de cause. Et pas forcément que la pilule combinée, qui est le plus souvent prescrite...
  • Contrairement à l’idée reçue, la pilule combinée peut être une méthode plus dangereuse que les autres contraceptifs, notamment à cause du bouleversement dans le cycle de production des œstrogènes…
  • La prescription des contraceptifs peut être faite par un médecin généraliste. Il n’y a pas d’obligation à passer par un gynécologue.
  • La plupart des rumeurs courant sur les moyens de contraception sont fausses. Il n’est pas prouvé que la prise de la pilule favorise le cancer. C’est peut-être même l’inverse, pour certains types de cancers…
  • Les contraceptifs ne rendent pas stériles (contrairement à ce que pourrait laisser croire le terme « stérilet »)
  • La hausse du cholestérol suite à la prise de la pilule combinée n’est pas dangereuse (sauf si vous êtes un homme, de plus de 50 ans, avec un autre facteur de risques… mais dans ce cas, vous n’êtes pas concerné par la pilule…).
  • Les effets secondaires de la pilule sont réels, mais ne concernent pas toutes les femmes. Il faut donc être très prudent sur les généralisations qui sont faites, notamment sur les forums de discussion. Et surtout, ces éventuelles craintes ne doivent pas être un frein à la prise de la pilule, si la femme le souhaite…
  • La procédure la plus adéquate lorsque l’on veut trouver le contraceptif qui nous convienne, c’est d’aller voir un praticien (médecin généraliste, gynécologue, mais aussi les médecins des plannings familiaux, des centres de santé universitaires, etc.), de discuter avec eux et surtout de demander à ce qu’ils vous montrent les dispositifs de contraception et vous les expliquent à l’aide de schémas.

Bref, une conférence pédagogique et instructive comme on aimerait en voir plus souvent…

Quelques liens :


L'humeur du moment
Processus d'évolutionEcritures

Inspirations

Decollages

06 mars 2007

Gratuité, internet et télévision font désormais bon ménage...

Vous l'avez compris en lisant la première partie de cet article : le piratage ne nuit pas forcément à l'industrie de l'audiovisuel lorsqu'elle sait en tirer avantage.

Et au contraire, comme l'affirme Mark Pesce (Co-inventeur du VRML et visionnaire éclairé du web) : "Sur internet, plus quelque chose est partagé, plus il prend de la valeur..."
Mais la question se pose autrement pour les chaînes de télé et les producteurs : comment transformer cette "valeur" en espèces sonnantes et trébuchantes ? Certains ont déjà mis en place des solutions :

  • l'apposition systématique du logo de la chaîne lors de la diffusion d'une série ou d'un programme original, dans un coin de l'image. Ainsi, quel que soit le "parcours" du programme dans les réseaux peer-to-peer, celui-ci continuera à faire de la publicité pour la chaîne. Les puristes diront que ça viendrait gâcher la qualité de la série... (A votre avis ?)
  • le financement des programmes par de la publicité cachée ou intégrée dans le scénario, comme nous l'avons signalé pour la série "24". Évidement, c'est plus difficile pour des séries historiques ou des spaces opéra... Plus généralement, les co-productions entre chaînes, agences de production et entreprises de biens ou de services... Laurent (intarissable source d'inspiration passée et actuelle) me faisait remarquer récemment que le film "Seul au monde", le film de Robert Zemeckis avec Tom Hanks, avait été réalisé et financé avec l'aide de FedEx (le héros est un employé de ce "coursier" par avion qui se retrouve sur une île déserte...)
  • la diffusion sur le site internet de la chaîne de séries, en streaming, avec des publicités que l'on ne pourrait pas zapper. Cette méthode, similaire à celle utilisée dans la diffusion TV aurait un avantage certain pour le diffuseur : il saurait avec exactitude le nombre de web-spectateurs, et donc le nombre de personnes exposées à la publicité. Sans parler de la possibilité de diffuser des publicités ciblées... La chaîne ABC, filiale de Disney qui diffuse notamment Desperate Housewives, Grey's Anatomy et Lost, à choisi cette solution, et propose à l'internaute ses séries dès le lendemain de leur diffusion initiale. Avec une tonne de bonus. Et ce depuis près d'un an (mais uniquement si vous êtes connecté des Etats-Unis, hélas...)

  • l'appel aux dons pour des contenus de qualité. Celà semble absurde ? Mark Achbar, producteur de l'excellent documentaire "The Corporation", a décidé de mettre en ligne la version complète et gratuite sur BitTorrent. Plus 8 (huit !!!) heures de bonus pour la version complète. Depuis, le film a bénéficié d'une célébrité que ses multiples récompenses ne lui avaient pas apporté. (Je n'ai pas de chiffres sur le montant des donations, mais je cherche...)
D'autres solutions sont à trouver. D'autres solutions seront certainement trouvées. Dont je devine quelles passeront par des protocoles de partage du genre de BitTorrent, pour des images en grand écran et HD rapidement accessibles sur le web, à l'image du futur projet JOOST...

Et je veux bien parier que tout celà ne nuira pas à la qualité des séries, films, documentaires à venir... Bien au contraire...

Qui est prêt à prendre les paris ? ;-)

L'humeur du moment
Retro-FuturePause

Plans

Prévisions

27 février 2007

Et si le piratage était un atout commercial pour les chaînes de télé ?

(Après un petit passage à vide, je reviens à des articles polémiques… Je précise qu'il ne s'agit pas d'une apologie du piratage, mais d'une réfléxion sur l'économie des médias, notamment sur le financement de la création audiovisuelle...)

Et si le piratage était un atout commercial pour les chaînes de télé ? Pas la menace, le cataclysme, l'apocalypse que certain prédisent, mais bien un moyen pour les chaînes d'augmenter leurs bénéfices ? Et soyons clair, je parle de tous les types de piratages : en peer-to-peer, sur youtube, etc.






Evidement, la question semble absurde. Et pourtant, les solutions existent déjà, il suffirait de les organiser dans un modèle économique cohérent...

Je vous brosse à grand traits le modèle économique d'une chaîne de TV :
- elle achète un programme ou le produit,
- elle estime le potentiel de spectateurs
- en en fonction de ce potentiel, elle vend des espaces de publicité, avant, pendant, et après le programme.
- La chaine peut rediffuser le programme, le diffuser en DVD, le proposer en Video à la demande payante (VOD) sur son site.
- A chaque fois, via des annonceurs ou les revenus des DVD ou de la VOD, ce sont des $ qui tombent dans le porte-monnaie (colossal) de la chaîne.

Evidement, c'est un modèle qui s'effondre dès que des petits malins enregistrent les programmes et les diffusent illégalement... Moins de téléspectateurs, c'est des spots de pubs moins regardés, donc moins rentables. Moins de DVD vendus. Moins de programmes achetés en VOD. Moins de $...

Ca, c'est ce que la logique (et les grandes chaînes) nous enseignent. Mais la réalité semble contredire cette logique.

Un exemple : en 2004, la chaine américaine Sci-Fi et l'anglaise Sky One lancent la serie Battlestar Galactica, qui malgré son budget colossal, semble plutôt mal partie : la série du même nom des années 80 évoque des images un peu... ringardes.
Sky One diffuse le pilote en octobre 2004. Sci-Fi décide de le diffuser en janvier 2005, trois mois plus tard. Evidement, ce qui devait arriver arriva : l'épisode est piraté par les anglais, et se retrouve diffusé sur les réseaux de peer-to-peer.
Trois mois plus tard, devinez quoi ? La première de Battlestar Galactica aux Etats-Unis est la plus forte audience de la chaîne, tous programmes confondus, depuis son origine.
Que s'est-il passé ? Les fans de science-fiction ont téléchargé la série, l'ont regardée, l'ont apprécié, en ont parlé autour d'eux, et ont convaincu leurs amis. Et ainsi de suite...
(Le même phénomène s'est reproduit ensuite, pour la nouvelle version de la série "Doctor Who"...)

Un autre exemple : Les épisodes de "Battlestar Galactica" sont disponibles sur Itunes à l'achat, pour 1,99 $. Plus des scènes bonus. Plus des commentaires des acteurs, producteurs, etc. Les producteurs ont également l'excellente idée de proposer de télécharger des épisodes gratuitement à tous les lecteurs de TV GUIDE, un magazine de programmes TV américain, augmentant ainsi leur audience.
Mais ils proposent également, toujours sur Itunes, un épisode de 45 minutes, récapitulant les saisons 1 et 2. Et un documentaire inédit, diffusé sur Sci-Fi, sur les coulisses du tournage. Les deux gratuitement. Malgré une baisse d'audience entre les saisons, la série continue à bien se porter, et une 4e saison plus un téléfilm semblent en pré-production.

Un troisième ? 2005, la saison 4 de "24" se termine, laissant des fans sur leur faim. Entre les deux saisons, les producteurs (la chaine américaine FOX, l'acteur principal Kiether Sutherland...) diffusent sur le DVD de la saison 4 un "mini-épisode" d'un quart d'heure, dont l'action se situe entre les saison 4 et 5, et que l'on retrouve rapidement sur les réseaux p2p. Le mini-épisode est sponsorisé (comprendre co-financé) par Toyota, et ressemble effectivement à un clip promotionnel pour la Prius. Une opération de publicité à peu de frais pour les producteurs, mais très rentable, puisque l'audience du premier épisode de la saison 5 bat tous les records de la série, avec 17 millions de téléspectateurs.
Les producteurs remettent ça en 2006, avec un "mini-episode" toujours aussi publicitaire mais beaucoup plus réussi, du point de vue du scénario.

Vous en voulez un dernier pour la route ? Toujours sur "24", en 2007 cette fois. La "season premiere" de la saison 6 (les quatre premiers épisodes diffusés en 2 jours) est prévue pour le 14 janvier. La FOX prévoit de mettre en vente un DVD contenant le mini-épisode cité plus haut et les 4 premiers épisodes. Sauf que le contenu du DVD se retrouve sur les réseaux P2P deux semaines avant la "season premiere" ! Et pourtant l'audience du premier épisode est de 15 millions de spectateurs, soit la meilleure deuxième audience pour cette série. (D'aucuns sont convaincus que la Fox a organisé elle-même la fuite...)

Essayez de reliez ces exemples entre eux... Vous en déduisez quelque chose ? Non ? Alors il va falloir attendre ma prochaine note sur le sujet (le suspense n'a jamais nuit à personne...).


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