31 mars 2009

Je ne suis pas daltonien, j’ai juste un peu de décalage avec la vie...

Mon ami imaginaire (il se reconnaîtra) me disait l’autre soir :

"Filipe, tu fais preuve d’une absence totale de goût pour associer les couleurs.
Tu es incapable de t’habiller autrement qu’en noir ou en gris.
Et tu as une tendance maladive à n’aimer que les photos floues ou fades.
Tu m’inquiètes...
Tu es daltonien ?
"

Non, je ne suis pas daltonien.
J’ai juste un peu de décalage avec la vie, et le temps que les photos vous parviennent, elles sont déjà fanées


Je vois vraiment le monde comme dans mes photos.
Comme un souvenir, un vieux film à la pellicule un peu abîmée, que l’on regarde se dérouler comme dans un rêve...
Un film qui parfois va beaucoup trop vite pour moi.
Trop vite pour y penser, trop vite pour être précis, trop vite pour vouloir la figer, trop vite pour la décrire…

Prendre des photos de nature, d’arbres, de paysages, me donne l’illusion de pouvoir ralentir tout ça, de pouvoir apprécier un monde lent et silencieux...
En général, je prends ces photos en chantant en fredonnant des petites chansons simples, qui ne m’appartiennent pas.
Des chansons qui racontent que "seule une fleur est venue… du fond des bois… dans mon âme…".

Puis je repose les deux pieds sur terre et tout s’accélère autour de moi.
Je marche au ralentit dans un monde en accéléré. Tout autour de moi va vite, et j’ai du mal à distinguer les mouvements.
Je suis vite décalé, dans la plupart des conversations du quotidien.
J’ai un temps de retard dans mes réponses. Je me maudis de ne pas avoir eu la répartie géniale et évidente qui s’est imposée à moi quelques minutes plus tard…
C’est le flou permanent…

Mais justement….
J’apprends à aimer le flou...
J’apprends à cesser de vouloir être tout parfait, partout…
Car le flou, lui, ne fige pas. Il pardonne.
Il donne le droit d’imaginer.
Comme la danse ou la peinture, il nous autorise à penser avec nos corps ou avec nos émotions…
Il laisse le droit à l’erreur.

On devrait toujours se laisser le droit à l’erreur.
Car parfois, nos erreurs sont belles




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