22 août 2009

J'aime...

J’aime ses silences, et tous ces mots que nous ne nous disons pas...

J’aime l’espace infini qui se crée autour de nous, et nous laisse seul l’un avec l’autre...

J’aime le temps qui s’arrête à chaque fois que nous décidons de l’oublier, pour partir ensemble, loin de tout...

J’aime les rires que nous adressons au Destin, et qui rythme notre danse secrète et intime...

J’aime l’évidence de nos regards, la musique de nos soupirs, et les lents échos des bonheurs à venir...

L'humeur du moment

04 juillet 2009

3h45, Marseille...

Je me réveille brusquement, et pendant quelques secondes, la panique m’envahit.
Puis je me souviens, où je suis, ce que je fais là, d’où viens cette odeur…

Je me lève tout doucement pour aller écouter sa respiration.
Elle est faible, mais présente.
Je sors.

Les couloirs sont blanc-glacial, mais complètement déserts à cette heure de la nuit.
Je suis presque content d’avoir accumulé un atroce déficit de sommeil, ces dernières semaines : au moins, maintenant, je peux dormir n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle position.
Je peux même somnoler en marchant dans les couloirs de l’hôpital, même en attendant l’immense ascenseur qui ne vient pas…

Aux amis et collègues qui me demandaient si tout allait bien en ce moment, j’avais pris l’habitude de dire :
- "Il y a des moments très bas, mais heureusement, des moments très hauts. Ca compense…"
En général, ça coupait court à la conversation, mais sur un sourire…
Puis je me disais intérieurement :
- "Promis, après l’opération, je fous un peu d’ordre dans tout ce bordel…"

Là, devant l’ascenseur qui ne vient pas, ce n’est ni un moment haut, ni un moment bas…
Juste un moment que j’attendais, qui teintait mes journées trop longues et mes nuits trop courtes d’une inquiétude que j’avais du mal à cacher…

L’ascenseur...
De toute façon, il ne viendra pas, puisque je n’ai pas appuyé sur le bouton d’appel.
Et que je n’ai rien à faire au rez-de chaussé de l’hôpital, surtout à 3h45 du matin.
Surtout sans chaussures, à moitié endormi, mes fringues de la veille presque aussi fripées que mon visage.
Une infirmière jette un œil à travers la porte et retourne à ses affaires. Elles ont l’habitude.

Je retourne écouter sa respiration.
Elle dort. Pousse un râle dans son sommeil.
Depuis que l’anesthésie ne fait plus d’effet, les anti-douleurs ne suffisent plus vraiment.
Ce qu’elle ressent, là, dans son corps, je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi…

Elle ouvre les yeux. Elle a dû sentir ma présence.
Je lui souris.
Elle se crispe, mais arrive à esquisser un sourire.

Elle est heureuse que je sois resté, cette nuit.
Moi, je suis juste heureux que ma mère soit toujours en vie…

L'humeur du moment

14 avril 2009

Et j’en suis arrivé à la conclusion suivante...

J’ai bien étudié la question.
Je l’ai retournée dans tous les sens, lors de mes longues conversations nocturnes avec mon Panda.

Et j’en suis arrivé à la conclusion suivante :
Mon monde n’a pas besoin de plus d’argent, de plus d’agitation, de plus de concret.

Non...

Mon monde a besoin de plus de poèmes.

Mon monde a besoin de plus de danses.
Mon monde a besoin de plus de photos, de dessins, de figures fugaces dessinées sur le sable humide d’une plage ou la mousse crémeuse d’un cappuccino.

Parce que si j’avais le choix, ce serait...

... bain chaud et cognac XO chaque soir, à côté d’un orchestre mariachi qui reprendrait les standards du hard rock des années 70, en version slow...

... sakura tout les jours, et le soleil tomberait en diagonale sur le corps de cette amie si sensible à mes massages chi-qong...

... un appareil photo qui serait trop tombé par terre, qui ne prendrait que des photos fanées, datées, décalées, floues. Des photos de toi, de toi, et de toi aussi, là-bas au fond...

... des nuits passées sur des couettes épaisses posées à même le sol, à raconter des conneries pour n’avoir pas à dire tout simplement qu’on est bien ensemble...


Mon monde n’a pas besoin de plus d’argent, de plus d’agitation, de plus de concret.
Non...

En réalité, mon monde a besoin de plus de beauté…
Et d'une porte vers ailleurs...
Quelque part...



L'humeur du moment

12 avril 2009

Le Bordel Magnifique

Ces soirées (celle dont je reviens à l’instant et qui continue dans ma tête) sont le reflet de ma vie, en ce moment.
De purs moments de Chaos.
Le Grand n’Importe Quoi
.
Le Bordel, mais le Bordel Magnifique.

On lâche-prise, lors de ces soirées.
On se laisse le droit de sentir, de ressentir, de vivre ici, maintenant, sans rien attendre de précis.
Car finalement, on sait bien comment tout cela finira : deux amis rentreront légèrement éméchés chez l’un d’entre eux.
Parleront des femmes de leur vie et des autres.
S’endormiront brutalement.
Et se réveilleront douze heures après avec la gueule de bois, en se disant "C'est la soirée la plus grandiose que j'ai passé depuis..."

Le lendemain, tout cela n’aura plus d’importance.
Cela deviendra un souvenir fugace, dont il ne restera que des photos.
Nous les regarderons ensemble, avec tous ceux qui étaient présents ce soir là, et nous nous souviendrons de tout ça comme dans un rêve.
Le rêve de quelqu’un d’autre, dans lequel nous n’étions qu’un figurant…

Après tout, puisque ces soirées, notre vie en général, les moments de plaisir et d’intimité, puisque tout cela n’est qu’un rêve, autant s’y abandonner totalement.
Sans rien espérer en échange.
Juste pour la beauté de l’instant.
Pour la perfection de tous ces petits moments absurdes, tendres, complices, extrêmes, incomplets (car il me manque quelqu’un, qui est loin, très loin…)
Pour la grâce qui apparait quelque fois dans les moments d’hésitation, lorsque nos corps et nos visages révèlent plus qu’on ne le voudrait…


Nous ne pouvons rien « faire », une fois plongés dans ce Magnifique Bordel.
Il nous mène exactement là où nous voulons être, si nous lui faisons confiance.
Il faut juste se détendre, lâcher-prise, et profiter du voyage.
Il n’y a rien à « faire ». Nous n’avons aucun pouvoir sur la Beauté de ces instants.
Et ça, c’est un immense réconfort.

L'humeur du moment

10 avril 2009

Ce sur quoi nous portons notre attention...

Je pense que nous devenons ce sur quoi nous portons notre attention.

Je suis lenteur et courbes lorsque mon regard caresse le corps de l'Autre.

Je suis chiffres et rouages lorsque je dois calculer l’impact du plan marketing concernant le lancement du dernier blah blah blahblahblah blah, blah blah.

Je suis souffle et silence lorsque dans le vide de mon appartement, seul existe le bruit de ma respiration.

Je suis rire et passion, intimités et débordements, lorsqu’après avoir été quelqu’un d’autre au théâtre pendant trois heures d’affilées, je me retrouve avec eux tous, nous acceptant tels que nous sommes, autour d’un verre trop vite vide...

Je suis suspension, inspiration et respiration lorsque je te regarde danser, toi là-bas au fond, à Pen Her Pichon...

Je suis ceci et je suis cela.
Je suis en haut, je suis en bas.
Je suis ici, je suis là-bas...
Plus je me connais, plus ce n'est pas "moi"...

J'ai des phases de grognements et j'ai des phases d'euphorie...

J'ai de la joie dans mes poches et des MM's dans mes placards !

J'ai des jours polaires et des nuits bipolaires et des semaines tripolaires et et des mois quadripolaires...

J'ai des bouts de moi que je ne montre pas et qui se voient tellement...

J'ai des bouts de moi que j'exhibe tout le temps et que personne ne voit !

J’ai de la vie, ma mère !
J’ai des rires, ma soeur !
J’ai de la liberté, mon frère !
J’ai des bons moments, mec…
J’ai des manières de dingue, ma fille,
J’ai une belle gueule à un million de dollars, cousin...
J’ai des maux de tête et j’ai des maux de dents,
Et des mauvais moments, aussi…
Comme toi…



L'humeur du moment

07 avril 2009

Sakura

Aujourd’hui, c’était Sakura...

Ce moment de grâce où les premiers arbres fleurissant au printemps laissent leurs pétales s’envoler au moindre coup de vent...

On marche au bord d’un fleuve, dans un parc, sur ce sentier de terre qui passe derrière la petite église...
Juste le quotidien, qui était là hier, qui sera là demain…

Puis, sans un bruit, sans prévenir, une lente pluie blanche et mauve et rose accompagne nos pas...
Le vent léger qui souffle agite les branches, et offre un spectacle unique, qui ne durera que quelques instants...
Il ne faut pas penser, dans ces moments-là... Juste être présent…

and then I realized this moment was perfect


Le temps de penser à ces pétales qui vivent leur dernier voyage dans la plus absolue délicatesse... la beauté du moment est déjà passée...
Il ne faut pas penser, dans ces moments-là. Juste être présent...

Le temps de penser aux mains qui se frôlent, à la douceur d’un souffle, à la tendresse d’un regard... la beauté du moment est déjà passée...
Il ne faut pas penser, dans ces moments-là. Juste être présent...

Le temps de penser à cette courbe, juste là... Le temps de penser à ce silence, juste là... Le temps de penser à ce dernier regard, juste là... la beauté du moment est déjà passée...
Il ne faut pas penser, dans ces moments-là. Juste être présent...


Aujourd’hui, c’était Sakura, pour moi...



L'humeur du moment

31 mars 2009

Je ne suis pas daltonien, j’ai juste un peu de décalage avec la vie...

Mon ami imaginaire (il se reconnaîtra) me disait l’autre soir :

"Filipe, tu fais preuve d’une absence totale de goût pour associer les couleurs.
Tu es incapable de t’habiller autrement qu’en noir ou en gris.
Et tu as une tendance maladive à n’aimer que les photos floues ou fades.
Tu m’inquiètes...
Tu es daltonien ?
"

Non, je ne suis pas daltonien.
J’ai juste un peu de décalage avec la vie, et le temps que les photos vous parviennent, elles sont déjà fanées


Je vois vraiment le monde comme dans mes photos.
Comme un souvenir, un vieux film à la pellicule un peu abîmée, que l’on regarde se dérouler comme dans un rêve...
Un film qui parfois va beaucoup trop vite pour moi.
Trop vite pour y penser, trop vite pour être précis, trop vite pour vouloir la figer, trop vite pour la décrire…

Prendre des photos de nature, d’arbres, de paysages, me donne l’illusion de pouvoir ralentir tout ça, de pouvoir apprécier un monde lent et silencieux...
En général, je prends ces photos en chantant en fredonnant des petites chansons simples, qui ne m’appartiennent pas.
Des chansons qui racontent que "seule une fleur est venue… du fond des bois… dans mon âme…".

Puis je repose les deux pieds sur terre et tout s’accélère autour de moi.
Je marche au ralentit dans un monde en accéléré. Tout autour de moi va vite, et j’ai du mal à distinguer les mouvements.
Je suis vite décalé, dans la plupart des conversations du quotidien.
J’ai un temps de retard dans mes réponses. Je me maudis de ne pas avoir eu la répartie géniale et évidente qui s’est imposée à moi quelques minutes plus tard…
C’est le flou permanent…

Mais justement….
J’apprends à aimer le flou...
J’apprends à cesser de vouloir être tout parfait, partout…
Car le flou, lui, ne fige pas. Il pardonne.
Il donne le droit d’imaginer.
Comme la danse ou la peinture, il nous autorise à penser avec nos corps ou avec nos émotions…
Il laisse le droit à l’erreur.

On devrait toujours se laisser le droit à l’erreur.
Car parfois, nos erreurs sont belles




L'humeur du moment

06 janvier 2009

De l'amour entre les petits chatons et les dinosaures (1e partie)

Je sais que tu es déçu(e) par les histoires d'amour, lecteur et lectrice adorée (et surtout toi, là-bas au fond, qui est vraiment très très déçue…).

Que tu en as marre, que tu penses que tout ça n'est une vaste supercherie, destinée à faire marcher l'industrie de la fringue (élégante, affriolante, coquine…), du voyage (coquin, secret, de noces…) et de la bague (de pacs, fiançailles, et plus si affinité et/ou inconscience et/ou naïveté sur la nature humaine…).

Et pourtant, si comme moi tu étais le témoin de cette formidable histoire d'amour entre un petit chaton et un dinosaure, tu saurais qu'il reste un espoir, que l'amour se niche dans les plus étranges et improbables recoins du quotidien...



Tous les jours depuis un an et des poussières , je passe dans mon bus 31 devant une petite maison aux volets rouges, sur le bord de la route, en face de l'école d'infirmières.

Il y a un an, sur l'une des fenêtres, il n'y avait qu'un petit chat (en peluche) qui regardait mélancoliquement la route.

Le petit chat de la solitude.
Le petit chat du désespoir...


Un matin, sur le bord de la fenêtre, est apparu un petit dinosaure en plastique
.

Pas le plus canon des dinosaures, pas le plus sexy ni le plus malin.
Mais un dino sympa, genre tyrannosaure aux grandes dents mais au cœur tendre.
Qui semble cacher un profond désespoir sous son éternel et carnassier sourire… (si vous étiez une espèce disparue, vous ne seriez pas désespéré, vous ?)


Au début, pendant au moins quatre semaines, le petit chat lui a tourné le dos.
Façon "Désolé monsieur, ma maman m'a apprit à ne pas parler aux archosauriens dans la rue !".

Puis cédant à une curiosité naturelle, le chaton s'est retourné.
Timidement.
Mais c'était un premier signe d'intérêt.
Le dinosaure en a profité pour se rapprocher de quelques pas.

Le mois suivant, ils étaient quasiment museau à naseaux.
Tous les passants pouvaient deviner qu'il y avait quelque chose entre eux, comme une sorte de tension dans l'air…

Et pourtant, à la nuit tombée, lorsque les volets clos nous empêchaient de voir leurs expressions, on devinait qu'ils s'interrogeaient, en leur fort intérieur de plastique et de coton.

"Et si c'était une bêtise ?
Nous sommes si différents l'un de l'autre…
Il va me manger tout cru, les dinosaures ne font qu'une bouchée des petits chats mignons…
Elle finira par partir, les petits chats finissent toujours par quitter les dinosaures…"

Et puis un jour, c'est arrivé.
Personne ne sait comment.
Personne ne sait ce qui les a incités à mettre de côté leurs craintes, leurs idées préconçues.
Ils se sont aimés, à la manière des dinosaures et des petits chats…
Et je me suis éloigné, sur la pointe des pieds, discrètement...


Aujourd'hui, ils sont toujours ensemble…
Enfin, je crois…
Enfin, c'est compliqué…


Après tout, qui suis-je pour juger de la manière dont les dinosaures et les petits chats mènent leur vie de couple ?…


A toi, lecteur et lectrice adorée ! (Oui, même toi là-bas au fond ! Surtout toi, à qui j'ai raconté l'histoire en avant première !).

D'après toi, qui a imaginé tout cette facétieuse aventure sur le rebord de sa fenêtre ?

Le Chef, mon ami et colloc', pense à une étudiante amoureuse qui envoie des messages à un admirateur secret.

Personnellement, j'ai parié pour une mamie pleine d'imagination et qui trompe son ennui en se racontant des sagas sentimentales avec les peluches de ses petits enfants…

L'un de mes étudiants, là-bas au fond, ne jure que par l'hypothèse "C'est une psychanalyste qui vit avec un paléontologue"…

A votre avis ?

01 janvier 2009

De l'amour entre les petits chatons et les dinosaures (2eme partie)

Vous a-t-on déjà dit, lecteur et lectrice adorés (et surtout toi, là-bas au fond, qui est très adorée), que vous êtes formidables ?
Non, sincèrement…

Vos remarques et idées sur mon dernier article "De l'amour entre les petits chatons et les dinosaures", ont déclenché des tas de remarques drôles, inventives, introspectives, dramatiques… quelques unes en ligne, beaucoup dans les conversations du quotidien…
Nombre d'entre vous ont lu le texte au second ou troisième degré, y voyant le reflet de ma vie sentimentale compliquée… Certain avec beaucoup de justesse. (Non vraiment, vous êtes formidables...)


Pourtant, c'est une histoire vraie. Le chaton et le dinosaure existent vraiment, sur le rebord de cette fenêtre.
Et ils témoignent d'une véritable histoire d'amour...


Il y a quelques semaines, je me suis posté sous cette fenêtre, pour prendre une photo de ce couple bizarre.

Au premier flash, la fenêtre s'est ouverte, et une gentille maman, accompagnée de ses quatre ou cinq petits bouts de chou, a commencé à me parler, gentiment, tout en me souriant malgré la fatigue bien compréhensible de la fin de la journée

Tout a commencé il y a un an, comme un petit jeu, entre elle et ses enfants. Une petite habitude du matin, une histoire qu'on se raconte en la rejouant et en la mimant, une complicité comme il peut y en avoir dans les grandes familles soudées.

Juste une petite scène, avec les peluches et les jouets, pour rire, pour partager un petit rituel ensemble.
Puis les passants se sont arrêtés, ont commencé à sourire, à poser des questions.
Certains ont même glissé de gentilles lettres sous la porte d'entrée. Pour dire "Merci" pour ce petit rendez-vous qui égaye un quotidien souvent grisâtre.

La maman m'expliquait et ses enfants souriaient, tout contents qu'on s'intéresse à leur petite blague, ravis qu'on les prenne en photos, heureux de voir Maman participer à leur jeu et l'expliquer à un inconnu.
Et elle, comme par réflexe, caresse la tignasse de l'une tout en me parlant, relève le col de l'autre pour qu'il ne prenne pas froid…

Vous aviez raison : cette histoire de dinosaure et de chaton cachait bien une histoire d'amour...
Une histoire d'amour entre une mère et ses enfants.