17 octobre 2008

Dans la peau d'une Baci

Avec Baci, on a échangé nos corps pour deux jours.
Baci, c'est une copine d'internet : ce qui veut dire qu'on est toujours à deux doigts (et six cent kilomètres) d'aller boire un verre ensemble.

Et comme on a le sommeil léger, on aime bien tous les deux aller sur les mêmes sites web. Comme Paroles d'Hommes par exemple, dont on a déjà parlé ici, et où il arrive que des mecs se prennent pour des filles, et que des filles disent leurs quatre vérités aux mecs.
Ou comme Plurk, où quand il est très tard, les gens commencent à écrire vraiment n'importe quoi...

Ou comme nos blogs, où l'on engage des débats sur les fautes de syntaxe qui nous hérissent le poil, les facebook où l'on partage notre addiction pour les séries télévisées où le héros couche avec tout le monde, et les twitter où l'on livre des extraits de nos vies tellement énigmatiques que ça confine parfois à l'absurde ou au mystique...

Bref, j'ai échangé mon corps avec Baci pendant deux jours...

Etre dans le corps d'une fille, c'est sympa.

Les proportions sont différentes, on se cogne contre les coins de tables, au début. Mais on finit par s'y faire...
Les seins aussi, c'est sympa. Au début surtout, parce qu'ensuite, il faut les gérer, se débrouiller à les faire tenir en place quand on fait du sport, ne pas trop les écraser quand on dort... C'est une logistique plutôt compliquée...

Les cheveux longs et frisés, c'est gonflant, en revanche (et arrête de rigoler, toi là-bas au fond, qui m'a vu quand j'étais jeune avec des cheveux longs et frisés !).
Gonflant dans tous les sens du terme : un coup d'humidité et hop, on rentre gratos dans les soirées costumées "Années 70", façon Jackson 5.
Un coup de brosse et c'est la crise électrostatique, planquez les grille-pains et tous les appareils électriques.
Parlons pas de choses qui fâchent, d'accord ?

Et les garçons... Qu'est-ce qu'on va faire de vous les gars ?
Franchement, vous n'avez pas encore compris qu'on voit clair dans votre petit jeu ? Vos techniques de drague sont aussi légères qu'un ballet de bulldozers, aussi saoulantes qu'une demi-douzaine de mojitos enfilés les uns à la suite des autres...

Nous, on fait exprès de ne pas comprendre parce que c'est plus drôle et plus sympa de se faire désirer, mais ne nous prenez pas trop pour des cruches, quand même... D'accord ?
En échange, on veut bien faire deux ou trois efforts, nous pomponer (un peu), nous maquiller (pas beaucoup), essayer de remettre nos cheveux en ordre (j'ai dit parlons pas de choses qui fâchent !).

(Au final, c'est pas si différent d'être dans la peau d'une Baci...
On dort peu, on râle pas mal, on a des week-end de loose cosmique et on écrit des trucs qui font un peu rire, mais nous en premier... parce qu'après tout, mieux vaut en rire, non ?)

(19/10/08 : et pour ceux qui voudraient savoir ce qu'a fait mon corps à moi, pendant tout ce temps...)




30 juillet 2008

Anibal De Matos est parti...

Anibal De Matos est parti la semaine dernière, suite à une longue et douloureuse maladie.

C'était un bandit et un roublard, un voyageur et un artiste martial (qui pratiquait l'art ésotérique du "Jogo do Pau"), un homme qui craignait Dieu et les nouvelles technologies, un infatigable curieux et un excellent raconteur d'histoires, un indécrottable colérique et un amoureux de la nature, un père de famille et un homme respecté même de ses ennemis.

C'était aussi mon modèle.

Bonne route, grand-père...

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06 juin 2008

Tout ce que je sais sur la vie, je l'ai appris dans le bus 31 à Meylan

Tous les matins, je prends le bus 31, entre Meylan et Eybens.
Entre 7h50 et 8 heures pile.
Et c'est à chaque fois une expérience formidable !
Qui m'en apprend autant sur moi que sur la vie, les gens, les séries télévisées et la valeur d'un sourire.

Dans mon bus (oui, c'est devenu mon bus, les conducteurs et les autres passagers m'en excuseront), je retrouve quasiment tous les jours les mêmes personnes :

  • L'homme qui a acheté la planète
  • Jack, le médecin maussade de Lost
  • La fille la plus heureuse de l'univers
  • Une mère et son fils, tous deux télépathes


L'homme qui a acheté la planète
Si quelqu'un a vendu la planète, c'est que quelqu'un d'autre l'a achetée.
Et si quelqu'un l'a acheté, ça ne peut être que lui.

La cinquantaine, le sourire facile, le costume impeccable, les cheveux blancs coupés courts et aménagés en ordre parfait.
D'un regard, il englobe l'ensemble des passagers avec bienveillance et tranquillité.
Puis il en choisit un et va parler avec lui.
Naturellement.
Avec classe.
Avec décontraction.

Et son interlocuteur, que ce soit une mère de famille, une jeune lycéenne, un informaticien introverti ou la fille la plus heureuse du monde (voir plus bas), se met à lui parler avec le plus grand naturel.
Il est décontracté.
Comme s'il n'y avait aucun problème...
Comme si le monde entier lui appartenait, mais que ça n'avait pas vraiment d'importance.
Comme si tout était plus simple, lorsque l'on agissait avec légèreté et naturel.





Jack, le médecin maussade de Lost

Il est grand, brun, les cheveux courts ; il a le regard, les expressions, et la moue maussade et désabusée de Jack Sheppard dans la serie Lost.
Il en a les gestes, le regard lointain et absent.
Il en a l'expression douloureuse, et le sourire rare.

La ressemblance est à ce point confondante qu'il m'arrive, quand je le croise, de vouloir lui demander des nouvelles des autres rescapés.

Puis je me rappelle que ce n'est pas Jack.
Qu'il travaille surement dans une université, un laboratoire ou un IUT en centre ville.
Qu'il en a surement ras-le-bol que tout le monde le compare à ce personnage de fiction incapable de gérer sa vie, ses sentiments, sa relation aux autres et à lui-même.

Que cette ressemblance n'est qu'une apparence, superficielle et non-significative.
Et que je ferai mieux de me méfier des apparences et d'apprécier les gens pour ce qu'ils sont, et non pas pour ce à quoi ils ressemblent...





La fille la plus heureuse de l'univers

Elle sourit.
J'aimerai pouvoir la décrire autrement, mais c'est impossible : son sourire est tellement présent, naturel et intérieur, que l'on a du mal penser au reste.
Lorsqu'elle se lève pour laisser sa place à quelqu'un, elle sourit.
Lorsqu'elle baille, elle sourit.
Lorsque le chauffeur freine brutalement, elle sourit.
Lorsqu'elle baille, elle sourit.
Lorsqu'il n'y a pas de raison particulière de sourire, elle sourit.
Lorsqu'elle baille, (je crois qu'elle dort mal, la nuit...).

Je pense être un bon gars, un peu naïf, pas haineux ou méchant pour un sou, plein de qualités (n'en jetez plus, merci), mais avec une bonne dose d'agitation intérieure.
J'y travaille. Très dur, même, en ce moment.

Un matin où je me débattait avec tout ça, elle s'est mise à sourire, en face de moi.
Sans raison.
Pas à moi, mais juste comme ça.
Parce que c'était naturel.

Et en quelques secondes, ça allait mieux.
Je me suis senti plus léger.
Depuis, j'ai appris la valeur d'un sourire.





Une mère et son fils, tous deux télépathes

Elle a la jolie trentaine, et lui une belle demi-dizaine.
Elle le tient par la main, à moins que ce ne soit l'inverse.
Il s'assoit quelque part, et elle à coté de lui.
Elle a un petit geste pour lui remettre l'écharpe en place, et il la laisse faire.
Ils baillent de concert, se penchent à travers la fenêtre d'un même mouvement.
Ne sourient pas.
Parlent peu.
Se regardent beaucoup.
Communiquent beaucoup.

Et montrent que lorsque l'on est vraiment proches et sincères, les mots n'ont pas beaucoup d'importance.




Et vous ? Qu'apprenez-vous dans votre bus du matin ?

(Photos : Photo du bus : Snotag.com - Lambda Chi Alpha Fraternity/agnese° irene°/sean dreilinger en Creative Commons sur Flickr - Photos promotionnelles ABC)


L'humeur du moment
Smoke
léger

immatériel

insignifiant

27 mars 2008

André Targe est parti pour son dernier voyage...

André Targe fait partie de ces professeurs qui marquent une vie.

Personnellement, il a radicalement changé la mienne, comme ces "brujos" capricieux d'amérique du sud qui font subir mille épreuves à leurs disciples pour faire surgir l'illumination.

Il était capable de m'insulter copieusement en amphi, dénonçant "un ignorance crrrraaaasssssse !", et d'échanger, quelques minutes après, des plaisanteries savantes sur les influences maçonniques de tel auteur victorien.
De prendre du temps, pour nous écouter, vraiment, intensément, lorsque nous avions quelque chose d'intéressant à dire .
Et de nous inciter, avec force grognements et invectives, à raffiner notre pensée, à la rendre plus précise, plus pure...
Sans lui, mon univers intérieur n'aurait pas les mêmes contours...

Nous avions un peu sympathisé, après mes études.
Bu un ou deux verre ensemble.
Echangé nos pensées sur la figure du "monstre" dans les cultures judéo-chrétiennes...
Echangé une ou deux cartes postales de Dali, dont nous adorions la ré-appropriations des mythes antiques...

Il est parti, le mois dernier, entamer son dernier voyage
.
Son Iliade.
Son Voyage du Héros.
Explorer, une fois de plus, des territoires inconnus.

Et il doit bien se marrer, en parcourant ce chemin, de me voir si triste aujourd'hui.


L'humeur du moment

11
déséquilibre

cycles

trajectoires