Je sais que tu es déçu(e) par les histoires d'amour, lecteur et lectrice adorée (et surtout toi, là-bas au fond, qui est vraiment très très déçue…).
Que tu en as marre, que tu penses que tout ça n'est une vaste supercherie, destinée à faire marcher l'industrie de la fringue (élégante, affriolante, coquine…), du voyage (coquin, secret, de noces…) et de la bague (de pacs, fiançailles, et plus si affinité et/ou inconscience et/ou naïveté sur la nature humaine…).
Et pourtant, si comme moi tu étais le témoin de cette formidable histoire d'amour entre un petit chaton et un dinosaure, tu saurais qu'il reste un espoir, que l'amour se niche dans les plus étranges et improbables recoins du quotidien...
Tous les jours depuis un an et des poussières , je passe dans mon bus 31 devant une petite maison aux volets rouges, sur le bord de la route, en face de l'école d'infirmières.
Il y a un an, sur l'une des fenêtres, il n'y avait qu'un petit chat (en peluche) qui regardait mélancoliquement la route.
Le petit chat de la solitude.
Le petit chat du désespoir...
Un matin, sur le bord de la fenêtre, est apparu un petit dinosaure en plastique.
Pas le plus canon des dinosaures, pas le plus sexy ni le plus malin.
Mais un dino sympa, genre tyrannosaure aux grandes dents mais au cœur tendre.
Qui semble cacher un profond désespoir sous son éternel et carnassier sourire… (si vous étiez une espèce disparue, vous ne seriez pas désespéré, vous ?)
Au début, pendant au moins quatre semaines, le petit chat lui a tourné le dos.
Façon "Désolé monsieur, ma maman m'a apprit à ne pas parler aux archosauriens dans la rue !".
Puis cédant à une curiosité naturelle, le chaton s'est retourné.
Timidement.
Mais c'était un premier signe d'intérêt.
Le dinosaure en a profité pour se rapprocher de quelques pas.
Le mois suivant, ils étaient quasiment museau à naseaux.
Tous les passants pouvaient deviner qu'il y avait quelque chose entre eux, comme une sorte de tension dans l'air…
Et pourtant, à la nuit tombée, lorsque les volets clos nous empêchaient de voir leurs expressions, on devinait qu'ils s'interrogeaient, en leur fort intérieur de plastique et de coton.
"Et si c'était une bêtise ?
Nous sommes si différents l'un de l'autre…
Il va me manger tout cru, les dinosaures ne font qu'une bouchée des petits chats mignons…
Elle finira par partir, les petits chats finissent toujours par quitter les dinosaures…"
Et puis un jour, c'est arrivé.
Personne ne sait comment.
Personne ne sait ce qui les a incités à mettre de côté leurs craintes, leurs idées préconçues.
Ils se sont aimés, à la manière des dinosaures et des petits chats…
Et je me suis éloigné, sur la pointe des pieds, discrètement...
Aujourd'hui, ils sont toujours ensemble…
Enfin, je crois…
Enfin, c'est compliqué…
Après tout, qui suis-je pour juger de la manière dont les dinosaures et les petits chats mènent leur vie de couple ?…
A toi, lecteur et lectrice adorée ! (
Oui, même toi là-bas au fond ! Surtout toi, à qui j'ai raconté l'histoire en avant première !).
D'après toi, qui a imaginé tout cette facétieuse aventure sur le rebord de sa fenêtre ?
Le Chef, mon ami et colloc', pense à une étudiante amoureuse qui envoie des messages à un admirateur secret.
Personnellement, j'ai parié pour une mamie pleine d'imagination et qui trompe son ennui en se racontant des sagas sentimentales avec les peluches de ses petits enfants…
L'un de mes étudiants, là-bas au fond, ne jure que par l'hypothèse "C'est une psychanalyste qui vit avec un paléontologue"…
A votre avis ?