07 septembre 2010

Ce n’était plus tout à fait ma ville

Ce n’était plus tout à fait ma ville.
Les platanes étaient toujours à la même place, les lampadaires étaient toujours fatigués. Ils transpiraient toujours la même lumière triste en automne.

Les pavés des rues n’étaient plus pareils, mais conduisaient tous aux mêmes cafés ternes où les vieux se posaient pour regarder leur ballon de blanc et penser aux misères d’hier.

Cafeteria boys par Mait Jüriado sur Flickr
J’avais l’habitude de me poser dans l’un de ces troquets, le plus gris, en général. Je demandais un café, un Perrier, et j’installais un jeu de dames devant moi.
Au bout de quelques minutes et quelques moqueries, un vieux, pas trop éméché, venait s’asseoir en face de moi. C’est trop triste, de jouer seul, non ?

Je le laissais gagner. Pas parce qu’il jouait mieux, pas pour faire une autre partie, pas même par pitié.
Mais parce que c’était le seul moyen qu’il me parle un peu de lui.

Aujourd’hui, je suis revenu en ville.

Mais aucun vieux n’est venu jouer avec moi.

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