3h45, Marseille...
Je me réveille brusquement, et pendant quelques secondes, la panique m’envahit.
Puis je me souviens, où je suis, ce que je fais là, d’où viens cette odeur…
Je me lève tout doucement pour aller écouter sa respiration.
Elle est faible, mais présente.
Je sors.
Les couloirs sont blanc-glacial, mais complètement déserts à cette heure de la nuit.
Je suis presque content d’avoir accumulé un atroce déficit de sommeil, ces dernières semaines : au moins, maintenant, je peux dormir n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle position.
Je peux même somnoler en marchant dans les couloirs de l’hôpital, même en attendant l’immense ascenseur qui ne vient pas…
Aux amis et collègues qui me demandaient si tout allait bien en ce moment, j’avais pris l’habitude de dire :
- "Il y a des moments très bas, mais heureusement, des moments très hauts. Ca compense…"
En général, ça coupait court à la conversation, mais sur un sourire…
Puis je me disais intérieurement :
- "Promis, après l’opération, je fous un peu d’ordre dans tout ce bordel…"
Là, devant l’ascenseur qui ne vient pas, ce n’est ni un moment haut, ni un moment bas…
Juste un moment que j’attendais, qui teintait mes journées trop longues et mes nuits trop courtes d’une inquiétude que j’avais du mal à cacher…
L’ascenseur...
De toute façon, il ne viendra pas, puisque je n’ai pas appuyé sur le bouton d’appel.
Et que je n’ai rien à faire au rez-de chaussé de l’hôpital, surtout à 3h45 du matin.
Surtout sans chaussures, à moitié endormi, mes fringues de la veille presque aussi fripées que mon visage.
Une infirmière jette un œil à travers la porte et retourne à ses affaires. Elles ont l’habitude.
Je retourne écouter sa respiration.
Elle dort. Pousse un râle dans son sommeil.
Depuis que l’anesthésie ne fait plus d’effet, les anti-douleurs ne suffisent plus vraiment.
Ce qu’elle ressent, là, dans son corps, je ne le souhaiterais pas à mon pire ennemi…
Elle ouvre les yeux. Elle a dû sentir ma présence.
Je lui souris.
Elle se crispe, mais arrive à esquisser un sourire.
Elle est heureuse que je sois resté, cette nuit.
Moi, je suis juste heureux que ma mère soit toujours en vie…
L'humeur du moment
3 commentaires:
courage...
Je suis très à l'écart de ce qui peut se passer néanmoins ce billet est très bien écrit et vraiment touchant !
Il y a parfois dans la vie, des choses dont l'importance ne peut être mesurée, si ce n'est par la douleur engendrée par la perte. Des hommes, des femmes, des objets, des sentiments, tout ce qui nous entoure. Certaines sont remplaçables mais d'autres non. Celles ci laissent une marque indélébile dans nos cœurs qui parfois nous fait pleurer, d'autres fois nous donne la force, la force de vivre, la force de nous battre, d'être meilleurs. Sans cette marque, sans ce vide toutes choses seraient remplaçables, la peine cesserait, les larmes également mais ces choses et toutes autres choses perdraient leurs importance. Ces pertes sont parfois les choses auxquels on tient le plus, parfois même plus que notre propre existence. Il serait inhumain de dire qu'elles sont nécessaires au vu de la souffrance engendré. Mais c'est cette souffrance qui nous rappelle et nous montre à quel point les choses sont éphémères et à quel point il est douloureux de les perdre. Essayons de repérer ces choses là et de leurs accorder toute l'attention qu'elles méritent avant qu’elles nous quittent car comme toutes choses, elles nous quitteront ou bien c'est nous qui le feront. On nous apprend des le plus jeune âge à aller à l'essentiel... mais c'est négliger toutes ces choses qui font que cet essentiel est essentiel.
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